Lundi 6 septembre après-midi s’est tenu le Digital Talk de la seconde édition du programme EMERGING Mediterranean, organisé entre les deux rives de la Méditerranée, en direct de l’accélérateur marocain LaStartupFactory, à Casablanca. Articulé autour des pitchs des startups finalistes et de débats entre de grands experts et professionnels de l’innovation positive et de l’entrepreneuriat en Méditerranée, ce Digital Talk aura a nouveau prouvé la vitalité d’une Méditerranée entrepreneuse et porteuse de solutions.

Au total, ce sont 2 invités d’honneurs, 8 speakers d’excellence réunis au cours de 2 tables rondes de haut-niveau, 10 pitchs vibrants et 5 lauréats d’exception qui auront été suivi en live ou en replay sur Zoom ainsi que sur notre Facebook Live par une audience nombreuse issue des deux rives de la Méditerranée ! Revivez les temps forts d’une après-midi intense d’échange, de débat et de partage.

Inauguration du Digital Talk EMERGING mediterranean

Pour inaugurer le Digital Talk et après le mot d’accueil du Fondateur d’EMERGING Mediterranean, Samir Abdelkrim, monsieur l’Ambassadeur Karim Amellal, délégué interministériel à la Méditerranée, qui accompagne le programme depuis ses débuts, nous a fait l’honneur de prendre la parole pour féliciter nos 10 finalistes et rappeler les enjeux d’un tel programme.

Mr. l’Ambassadeur a ainsi salué l’importance d’un programme comme EMERGING Mediterranean pour l’avenir de nos deux rives. Dans le contexte très particulier que nous vivons, il a souhaité saluer et féliciter tous les acteurs de ce projet, startups, mentors, jury, organisateurs, pour leur résilience et leur volonté de faire de la Méditerranée un territoire qui innove grâce à des acteurs impactants.

Le programme incarne en cela les convictions du Sommet des deux rives, lors duquel les Pays du 5+5 s’étaient engagés à faire de la Méditerranée un espace commun qui rassemble des porteurs de projets prêts à bâtir un avenir positif pour la région. Il a ensuite invité tous les participants à se joindre au forum du Dialogue des deux rives qui se tiendra à Marseille en février prochain.

« Les 10 startups sélectionnées aujourd’hui sur les 300 candidatures reçues incarnent véritablement cette Méditerranée que nous voulons promouvoir : une Méditerranée faite de solutions, une Méditerranéen tournée vers l’avenir et  qui regorge de talents pour accompagner son évolution vers les grands enjeux de demain dont le digital fait évidemment partie » – Monsieur l’Ambassadeur Karim Amellal, délégué interministériel à la Méditerranée.

Après cette intervention inaugurale, Julie Lanckriet-Goerig, Directrice des opérations du programme, a présenté les 10 startups finalistes et leur projet tandis que Samir Abdelkrim a salué les 5 membres de notre jury final chargé de sélectionner les 5 lauréats de cette deuxième édition du programme EMERGING Mediterranean. Une tache délicate dévolue à 5 experts reconnus de l’entrepreneuriat méditerranéen, issus des 5 pays couverts par le programme EMERGING Mediterranean :

  • Mariem Kane (Mauritanie), Secrétaire Générale de l’ANRSI et cofondatrice d’Hadina RIMTIC
  • Lamiae BENMAKHLOUF (Maroc), Directeur général du Moroccan Information Technopark Company (MITC)
  • Souheil GUESSOUM (Algérie), Vice-Président de la CAPC en charge du numérique et CEO ALPHA Computer CAPC
  • Rym Jarou (Tunisie), CEO de Smart Tunisia
  • Mounia Attiga (Libye), Fondatrice et directeur général de Gemstones

Après cette introduction est venu le tour d’une première session de pitch des startups finalistes sur le thème “Edutech & Culture 2.0”. Les inscrits ont pu écouter attentivement les pitchs de 3 minutes 30 chrono des startups suivantes :

  • Dawrrat.com (Libye), une plateforme de cours en ligne qui offre la possibilité aux enseignants du monde entier d’y proposer leurs contenus. Ce service s’adresse à la fois aux écoliers et aux étudiants, mais aussi aux professionnels qui souhaitent acquérir de nouvelles compétences.
  • Shédio (Algérie), un service de tourisme digital qui allie conception 3D, visite virtuelle, réalité virtuelle et augmentée dans le but de démocratiser l’accès au patrimoine.
  • Neolli (Maroc), un site de vente en ligne spécialisé dans l’artisanat marocain. La plateforme accompagne les artisans traditionnels dans le dépôt de leur brevet et assure la mise en ligne de leur produit (photo, description..), leur reconditionnement et leur envoi.
  • Envast (Tunisie), une plateforme offrant un enseignement accessible et de qualité pour les écoles élémentaires tunisiennes, grâce à des contenus gamifiés intelligents et adaptés aux besoins spécifiques des élèves.

Après la présentation de ces projets impactants, une co-modération menée par le Fondateur du programme Samir Abdelkrim et Julie Lanckriet-Goerig, est venu animer le premier Fire Side Chat dédié à l’Open Innovation intitulé « L’Open Innovation, chaînon manquant des écosystèmes techs méditerranéens »

Développer un modèle d’Open Innovation propre aux enjeux méditerranéens

Pour échanger sur la question, le Digital Talk accueillait Mohammed Bensoltana, Manager du HackLab Afrique de la Société Générale, Zeineb Messaoud, Directrice de TheDot, Karim Brouri, Fondateur de la startup BRENCO et Tarek Chelaifa, Senior Manager au sein de GSMA.

Alors que l’Open Innovation s’impose de manière croissante et dans le monde entier comme un nouveau levier de croissance pour les économies, nos speakers se sont interrogés sur la manière d’accélérer et de pérenniser cette dynamique en Méditerranée. Zeineb Messaoud, Directrice Exécutive de The Dot, est d’abord revenue sur la méconnaissance par certains acteurs des possibilités offertes par l’Open Innovation et la nécessité de mieux la mettre en avant : “La première barrière est l’incompréhension des possibilités qu’offre l’open innovation. Il faudrait donc sensibiliser les grands groupes à l’importance de se développer en co-développant des choses. Nous devons en particulier montrer les success stories de l’Open Innovation”.

Abondant dans son sens, Tarek Chelaifa, Senior Manager chez GSMA, a pour sa part détaillé les moyens de faciliter la collaboration entre les startups et les grands groupes : “Pour une collaboration idéale entre des startups et des grands groupes, il faut premièrement qu’elles parlent le même langage : comprendre les enjeux de chaque compagnie.” Optimiste, il note depuis la crise du Covid-19 une réelle prise de conscience chez les grands groupe de l’importance de développer des collaborations avec le monde des startups.

Mohammed Bensoltana a ensuite pu nous montrer un exemple réussi de collaboration entre le secteur bancaire et le monde de l’innovation : le HackLab Afrique dont il est manager. Crée par la Société Générale, l’une des plus importantes institutions bancaires du sud de la Méditerranée,  le HackLab Afrique se veut être “un lieu du faire et du faire ensemble qui réunit des créatifs et des passionnés des nouvelles technologies pour explorer et créer les usages de la banque de demain.” Il y règne un esprit startup que les managers tentent d’infuser au sein du groupe.

Karim Brouri, fondateur de la startup Brenco, est lui revenu sur le développement d’un “tripod” en Algérie regroupant sa startup, la recherche universitaire et le monde industriel : “On s’est rendu compte qu’en tant que startup nous avions la possibilité de diagnostiquer les problématiques et de les matcher au niveau des grandes institutions. Grâce à son objectif business, la startup a l’énergie nécessaire pour pousser toutes les parties prenantes vers un résultat transformable en solution commerciale ou en brevet. La startup est aussi gagnante, car elle fait l’acquisition d’une technologie qui lui permettra de gagner des parts de marchés ou de se faire racheter à terme par les grands groupes du secteur”.

Après ce premier Fire Side Chat, nos auditeurs et nos 4 speakers ont pu profiter d’une nouvelle session de pitch dédiée au thème  “Legal Tech & New Business Platforms” au cours duquel 4 nouvelles startups ont pu présenter leurs projets :

  • BeRight (Maroc), un service juridique à destination des petites entreprises proposant des prestations en ligne par l’intermédiaire d’une carte prépayée.
  • Neotic (Mauritanie), une agence de communication web & mobile qui s’adresse aux startups, aux ONG, et aux PMEs. Elle offre de nombreux services qui vont de la création de site web à l’analyse de données, en passant par le markéting digital.
  • Mehan Houra (Algérie), un service de mise en relation entre artisans et demandeurs de services de réparation via une application mobile.
  • Wadefa (Libye), une application qui met en relation des demandeurs d’emplois et des recruteurs.

Avant la prochaine et dernière pitch session de la soirée et la révélation par notre jury des 5 lauréats du programme, les discussions se sont poursuivies autour d’un second et dernier Fire Side Chat sur le thème du financement de l’entrepreneuriat féminin .

Faire sauter le verrou du financement

Autour de Samir Abdelkrim et Julie Lanckriet-Goerig, 4 professionnels de l’entrepreneuriat féminin en Méditerranée étaient présents pour évoquer la problématique du financement des entrepreneuses de la région.​

Alors que l’entrepreneuriat féminin apparaît de plus en plus comme le nouveau moteur de la révolution digitale en Méditerranée, les femmes entrepreneures continuent à rencontrer de grandes difficultés à se financer. Nos 4 speakers sont d’abord revenus sur les obstacles rencontrés par les entrepreneuses lors de la recherche de financement. Pour Mariem Kane, Secrétaire Générale de l’Agence Nationale de la Recherche Scientifique et de l’Innovation de Mauritanie,“des barrières juridiques existent empêchant cet accès au financement”.

Sarah Daoudi, Fondatrice de Bubble Algérie, a également évoqué des raisons psychologiques bloquant l’accès au financement : “La barrière va souvent être les femmes elles-mêmes. Quand elles arrivent à l’étape de l’entreprenariat, elles vont avoir peur de différents sujets et notamment celui du financement”. Les femmes sont également ultra-minoritaires chez les investisseurs, ce qui ralentit leur sensibilisation à cette question.

Mais des solutions existent pour faire sauter le verrou du financement. Amel Saidane,  présidente et co-fondatrice de Tunisian Startups, a appelé les fonds de fonds à agir en faveur du financement des startups féminines : “les fonds de fonds doivent donner des objectifs de parité dans les comités d’investissements. Avec plus de femmes en leur sein, ils seront plus enclins à financer des startups fondées par des femmes ”. Elle appelle également à sortir les entrepreneuses du secteur du “care”, un secteur où les retours sur investissement sont modestes et qui attire donc peu les financements. Sarah Daoudi a conseillé aux entrepreneuses de se rassembler en réseau pour trouver plus facilement des investisseurs : “Ce qui marche vraiment, c’est le network féminin, il faut qu’elles se motivent entre elles pour se tirer vers le haut”. Pour Mariem Kane, Il faut avant-tout réfléchir à une protection sociale des entreprises féminines.

Pour finir sur une note d’optimisme, Mael M’Baye, Directeur Maghreb chez Bpifrance a rappelé que les femmes représentent déjà jusqu’à 43% des lanceurs de projets dans différentes branches financées par la banque publique d’investissement. Effectuant un travail de fonds de fonds en Afrique, Bpifrance intégre également le nombre d’entrepreneuses financées dans le reporting effectué chaque année auprès de ses partenaires.

Une dernière session de pitch thématique, centrée autour de la E-Santé, a enfin eu lieu avant la révélation des 5 lauréats, et a permis de présenter les 2 derniers finalistes :

  • AI Diagnosis Vision (Tunisie), une plateforme web utilisant l’intelligence artificielle pour analyser les radiographies des dentistes, leur fournir un diagnostic précis et un plan de traitement.
  • DoctoRim (Mauritanie), une plateforme de prise de rendez-vous en ligne qui met en contact professionnels de santé et patients.

Remise de prix – clôture

Le moment tant attendu de la journée a alors enfin commencé : l’annonce des 5 Lauréats du Programme EMERGING Mediterranean ! Les membres du jury, après été avoir été accueillis et présentés par l’équipe EMERGING Mediterranean, nous ont donné leur ressenti sur les projets évalués. Nos 5 jurés ont ainsi tous souligné la  qualité des projets présentés aujourd’hui et à quel point il a été dur de les départager. Unanimes, les membres du jury ont insisté sur le fait qu’ils espéraient voir la suite de tous ces projets très prochainement, et qu’ils étaient convaincus que ceux-ci avaient la capacité de passer à l’échelle en Méditerranée.

“Nous avons découvert des projets de grande qualité, ce qui nous a donné beaucoup de mal pour arbitrer et identifier les gagnants. Tous répondent à des besoins importants en prenant en considération le contexte actuel de la Covid-19. Tous proposent d’améliorer la vie des citoyens en agissant dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’industrie ou des services”. Lamiae BENMAKHLOUF (Maroc), Directeur général du Moroccan Information Technopark Company (MITC)

Chaque Membre du Jury à ensuite pu annoncer le gagnant de son pays. Nous sommes ainsi très heureux de féliciter Mama Diagana, cofondatrice de Neotic, Meriem Faghraoui, représentante de la startup Neolli, Amira Irmal, fondatrice de Mehan Houra, Saoussen Ayari, directrice des opérations d’AI Diagnosis Vision et Aladdin Elsgier, cofondateur de Dawrrat.com

Ce fut la plus belle façon de clôturer cette après-midi de partage, d’inspiration et de solutions enthousiasmantes pour les deux rives de cette Méditerranée d’impact et d’engagement social et environnemental. Et puisque les 5 Lauréats EMERGING Mediterranean seront présents au Sommet EMERGING Valley 2021, nous vous donnons tous rendez-vous les 13 et 14 décembre à Marseille, pour le grand rendez-vous de la tech Afrique-Europe : SAVE THE DATE !