Lundi 14 décembre après-midi s’est tenue la première édition de la conférence digitale EMERGING Mediterranean, en direct du stade Vélodrome de Marseille. Faisant fi des obstacles dressés face à eux par une pandémie planétaire, par les confinements, couvre-feux et fermetures de frontières mais surtout face au jeu du sort d’une panne mondiale survenue ce jour-là sur l’ensemble des services de Google ayant bien failli faire table rase de tous nos efforts, les acteurs clés de l’écosystème entrepreneurial et Tech des Deux Rives étaient pourtant tous réunis au grand complet, et ont redoublé d’engagement pour démontrer toute leur résilience et leur détermination, nouvelle incarnation d’une Méditerranée résistante, entreprenante et porteuse de solution, afin d’écrire ensemble le nouveau chapitre d’un Agenda positif pour la Méditerranée ! Startuppers, entrepreneurs, bailleurs, investisseurs, officiels, tous s’étaient donné rendez-vous pour rejoindre la dynamique EMERGING Mediterranean et proposer des pistes d’actions concrètes face aux grands défis auxquels est confrontée la région. Cet après midi de debat donnera lieu à la publication d’un livre blanc de la Tech For Good en Méditerranée durant le premier trimestre 2021, préfigurant ainsi l’émergence du Do Tank de la Tech For Good en Méditerranée qu’est en train de devenir EMERGING Mediterranean, bien au delà d’une conférence. Plus de 20 speakers d’excellence, 8 tables rondes et keynotes de haut-niveau, 10 pitchs vibrants, 5 lauréats d’exception et déjà plus de 2 500 personnes qui ont suivi l’ensemble des débats de la conférence digitale en live ou en replay sur notre plate-forme dédiée sur EventMaker ainsi que sur notre Facebook Live pour s’inspirer et rejoindre la belle communauté EMERGING Mediterranean ! Revivez les temps forts d’une après-midi intense de résilience, d’échange, de débat et de partage.
« Quelle joie de voir EMERGING Mediterranean prendre vie ! » déclarait Patricia Ricard, cheffe de file pour la France au Sommet des deux rives, lors de la clôture de l’événement lundi soir. La concrétisation de ce projet amorcé dès le Sommet des deux rives en 2019 résonnait particulièrement chez ceux qui ont vu Samir Abdelkrim défendre ce projet inédit il y a tout juste un an. Comme Patricia Ricard, Aissata Lam, cheffe de file pour la Mauritanie à ce sommet, et Isadora Bigourdan, représentante de l’AFD, se sont réjouies de pouvoir assister à sa première édition.
Et quelle édition ! Malgré les contraintes, les acteurs et décideurs clés de la Méditerranée se sont mobilisés pour participer à une réflexion collective sur l’avenir de la région. Autour de tables rondes et d’interviews exclusives, c’est un débordement d’idées et de propositions auquel un public digital fourni à pu assister ! Au programme de l’après-midi : panels sur le financement de la Tech For good en Méditerranée, sur la Tech au service de la biodiversité et des Objectifs du Développement Durable, ainsi que sur l’entrepreneuriat féminin. Une ligne éditoriale exigeante servie par les experts de la région, tandis que tout au long de la conférence, des interviews exclusives de personnalités de référence en Méditerranée sont venues rythmer les débats. Monsieur l’Ambassadeur Karim Amellal, Délégué Interministériel à la Méditerranée, Salwa Toko, Présidente du Conseil National du Numérique, Jérémie Pellet, directeur général d’Expertise France, mais aussi Cyril Collon, General Partner chez Partech Africa, Wilfrid Lauriano do Rego, Coordonnateur du Conseil Présidentiel pour l’Afrique et Patricia Ricard, présidente de l’Institut océanographique Paul Ricard, nous ont ainsi fait l’honneur de partager leur expérience et leur vision sur des sujets aussi diverses que passionnants.
Inauguration du sommet digital EMERGING mediterranean
En premier lieu, l’Ambassadeur Karim Amellal nous a fait l’honneur de prononcer les mots d’ouverture de la conférence. Fidèle soutien du programme depuis sa conceptualisation, monsieur l’Ambassadeur a réitéré son appréciation sur le bien-fondé de ce projet, exemple concret d’une initiative au service d’une Méditerranée d’avenir, innovante et solidaire.
“Nous avons aujourd’hui, plus que jamais, besoin de travailler étroitement avec les nouveaux acteurs de l’innovation, pour construire une Méditerranée plus apaisée et fondée sur des projets fédérateurs. Ce sont ces derniers qui permettront d’alimenter sur le long terme la coopération de nos deux rives.” Monsieur l’ambassadeur Karim Amellal, Délégué Interministériel à la Méditerranée
Ce premier plaidoyer pour l’action a été suivi de l’interview exclusive par Samir Abdelkrim de Salwa Toko, présidente du CNNum, au cours de laquelle a été évoqué le rôle du numérique comme force du bien entre les 2 rives de la Méditerranée : “L’impact environnemental doit être pris en compte dans l’innovation. Nous ne devons jamais opposer innovation technologique et environnement” Salwa Toko, Présidente du Conseil National du Numérique (CNNum).
Après ces deux interventions inaugurales est venu le tour du premier panel, dédié au financement de la Tech for Good en Méditerranée intitulé « Quels enjeux et perspectives à l’horizon 2030 ? Comment transformer le regard des investisseurs, pour sécuriser demain un pipeline durable de pépites à impacts entre les 2 Rives de la Méditerranée ? »
Financer la Tech For Good en Méditerranée
Pour échanger sur la question, le Fondateur du programme, Samir Abdelkrim, accueillait Sami Agli, Président de la Confédération Algérienne du Patronat Citoyen; Isabelle Bébéar, Directrice des affaires internationales et européennes chez Bpifrance; Kenza Lahlou, General Partner chez Outlierz Ventures; Stéphan-Eloïse Gras, Directrice exécutive de Digital Africa et Rym Jarou, CEO de Smart Tunisia. Les investisseurs et bailleurs présents se sont entendus sur de nombreux points, notamment sur l’importance de construire un écosystème favorable à l’épanouissement des startups qui doit passer par la structuration de l’investissement privé. Stéphan-Eloïse Gras a ainsi souligné le manque de continuum dans les produits financiers mis à disposition des entrepreneurs. Il est important à ses yeux de leur proposer une gamme complète de sources de financement pour les accompagner dans les différentes phases de croissance. Face à ce constat, Digital Africa a ainsi lancé de nouveaux fonds d’investissement et BpiFrance, représentée par Isabelle Bébéar, une activité de Fonds de fonds sur le Continent.
« Il est important d’avoir un Mix &Match des produits financiers : ils doivent être présents et disponibles pour les startups aux moments clés de leurs croissance. » Stéphan-Eloïse, Directrice exécutive, Digital Africa.
Sami Agli et Rym Jarou ont quant à eux insisté sur un autre aspect de la construction de l’écosystème : l’élaboration d’un cadre juridique favorable aux startups. Les Startups Acts qui apparaissent dans la région – déjà en place en Tunisie – ont ainsi été salués comme un modèle d’inspiration. Facilitation financière, exonérations fiscales, valorisation de la recherche et de l’innovation : ils apparaissent aux yeux de nos panélistes comme des outils méritant de s’exporter. « Il est indispensable de structurer l’écosystème. Cela doit passer par une réflexion autour du capital risque, de la législation relative au développement des startups et de la valorisation de l’innovation » Sami AGLI, Président de la CPAC
Pour finir, Kenza Lahlou a souligné l’importance d’une mobilisation générale des différents secteurs économiques. Il est nécessaire qu’ils soient prêts à accueillir les jeunes startups et leurs idées innovantes, afin qu’ensemble ils puissent co-construire les solutions digitales de demain. « Les secteurs traditionnels doivent être prêts à se déréguler, afin de donner aux entreprises innovantes une chance de les améliorer » Kenza Lahlou, General Partner & co-fondatrice, Outlierz Ventures
Après ce panel inaugural, Cyril Collon, General Partner chez Partech Africa et Jérémie Pellet, Directeur général d’Expertise France, se sont exprimés sur les différentes initiatives menées par leurs organisations respectives dans la région, et l’état des écosystèmes dans lesquels ils interviennent principalement (respectivement l’Egypte, et Libye & Tunisie).
Cyril Collon nous a ainsi dressé le portrait des écosystèmes du Maghreb et est revenu sur leurs potentiels de croissance : “C’est parce que l’on va financer des modèles rentables qui s’attaquent à de véritables problèmes du Continent, que l’on va être capable d’avoir un impact et un déploiement très large” Cyril Collon, General partner chez Partech Africa
Jérémie Pellet a quant à lui détaillé les programmes visant à encourager l’entrepreneuriat en Tunisie et dans les diasporas, et sur les initiatives dédiées à soutenir les jeunes libyens dans la reconstruction de leur pays (écoles de codage, université en ligne, FabLabs …).
« La jeunesse libyenne cherche à créer de la richesse et du développement économique. L’action d’Expertise France sur place est de donner à cette jeunesse des opportunités pour contribuer à la stabilité et au développement du pays. » Jérémie Pellet, Directeur Général d’Expertise France.
La Méditerranée, nouveau Laboratoire des « O3D »
Les discussions se sont poursuivies autour d’un panel consacré à la biodiversité : « La Méditerranée, nouveau Laboratoire des “O3D” ? : Comment accélérer le développement durable par le digital en Méditerranée ? ». Pour cette plénière, Samir Abdelkrim accueillait Patricia Ricard, présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard, Isadora Bigourdan, chargée d’affaires senior à l’Agence Française de Développement, Sarah Toumi, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique, Jean-Marc Philip, président d’Oshun et les lauréats de l’AFD Digital Challenge, Mohamed Tabyaoui, Fondateur de Prevdev (Maroc), et Amor Sahnoun, Fondateur de Bus Sotware (Tunisie).
Les invités ont salué les nombreuses initiatives tournées vers la biodiversité découvertes lors de l’appel à candidatures EMERGING Mediterranean. Parmi les 227 dossiers reçus, un tiers s’intéressait en effet de près aux problématiques de biodiversité.
Patricia Ricard et Isadora Bigourdan ont ainsi mis en évidence ce qu’elles considèrent comme une véritable vague verte d’innovations technologiques en Méditerranée, portée par des entrepreneurs responsables qui veillent à répondre aux problématiques de leurs quotidien en inventant des réponses économiquement, socialement, démocratiquement et écologiquement durables. La présence et le travail de Mohamed Tabyaoui, fondateur de Prevdev (Maroc), et Amor Sahnoun, fondateur de Bus Sotware (Tunisie) illustrait parfaitement l’émergence de ces Makers sensibles à l’innovation responsable.
Jean-Marc Philip, président de la société Oshun, est revenu, quant à lui, sur la question de la gestion de l’eau en Méditerranée, rappelant que les deux rives partagent les mêmes préoccupations vis-à-vis de cette ressource vitale. Il a ainsi évoqué les différentes innovations mises en place pour favoriser l’accès à l’eau dans la région. « Il y a une communauté de destin autour de la question de l’eau en Méditerranée. » Jean-Marc Philip, Président d’Oshun
Tout en nous alertant sur les défis auxquels la Méditerranée et sa biodiversité sont confrontées, Patricia Ricard s’est dit convaincue du rôle essentiel de l’innovation digitale pour y répondre. L’association de la biodiversité et du numérique promet selon elle l’élaboration de réponses à la crise de la biodiversité en Méditerranée. « Il faut intégrer la biodiversité et la protection des espaces lorsqu’on réfléchit à la protection des sociétés humaines. » Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard.
Sarah Toumi, dont l’engagement en faveur de la lutte contre la désertification en Afrique n’est plus à présenter, a évoqué les futurs travaux du Conseil présidentiel pour l’Afrique dont elle est issue, en faveur du développement durable. Le One Planet Summit, le 11 janvier prochain et le Sommet Afrique-France en juillet 2021 permettront ainsi de débattre de la question du développement durable avec les acteurs de l’innovation du Continent.
« Le Conseil présidentiel pour l’Afrique se prépare au sommet Afrique-France en juillet 2021, où l’on évoquera l’agriculture et notamment l’Agritech. Nous ferons tout pour que les innovateurs africains y soient bien représentés. » Sarah Toumi, Membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique et CEO Acacias For All.
Women For Good !
Après cette discussion passionnante, Samir Abdelkrim accueillait, pour clôturer l’après-midi, un panel entièrement féminin consacré à l’entrepreneuriat féminin : « Women For Good: Mettre l’entrepreneuriat féminin au cœur de la nouvelle révolution digitale en Méditerranée ! ». Aissata Lam, Présidente de la Jeune Chambre de Commerce de Mauritanie, Amel Saidane, Présidente de Tunisian Startups, Salwa Toko, Présidente du Conseil National du Numérique, Leila Benyoucef, Fondatrice de KiddySorties, Lamiae Benmakhlouf, Directrice générale du Technopark de Casablanca, et Shadda Elmagri, Co-fondatrice de Deraz nous faisaient l’honneur de participer à cette plénière. Encore une fois, nos speakers se sont entendus sur plusieurs constats : si le nombre de femmes entrepreneuses ne cesse d’augmenter, il reste néanmoins encore faible. Lamia Benmakhlouf a donc insisté sur le fait que les femmes avaient besoin d’être coachées et mentorées afin d’être en mesure de rompre avec leur isolement et de sauter le pas de l’entrepreneuriat.
« Les femmes ont besoin d’être boostées et accompagnées pour rompre leur isolement et en faire des entrepreneuses accomplies. » Lamiae Benmakhlouf, Directrice Générale du Technopark de Casablanca
En tant que femme et étant à la tête du Technopark, elle a souhaité mentionner tous les efforts déployés par ses consœurs pour développer des initiatives allant dans ce sens. Il est selon elle d’autant plus important de permettre aux femmes d’accéder à l’entreprenariat que leur capacité en termes de création de richesses égale celle des hommes ! Salwa Toko nous a rappelé que trop souvent encore, les femmes entrepreneures étaient sous-estimées par les investisseurs, et qu’elles se dévalorisaient elles-mêmes, renonçant même à s’engager dans le secteur de la tech. Aissata Lam et Amel Saidane ont rebondit sur ces propos en appelant les hommes à s’éduquer sur la question de l’égalité, puisqu’au-delà d’encourager les jeunes filles à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, il y a à leurs yeux tout un système misogyne à restructurer.
« Aujourd’hui, seuls 2% des VC funds sont destinés aux startups dirigées par des femmes ! Il est donc également essentiel de sensibiliser les investisseurs, majoritairement masculins, et de se rapprocher de ceux qui partagent la vision d’un monde égalitaire. » Amel Saidane, Présidente de Tunisian Startups.
Un panel extrêmement suivi, passionnant et inspirant qui nous a donné envie de poursuivre la discussion, et surtout de voir les choses changer ! Comme l’a dit Salwa Toko « N’ayons pas peur des femmes qui veulent entreprendre et qui veulent changer le monde ! »
Remise de prix – clôture
Avant la clôture de l’évènement, c’est Wilfrid Lauriano Do Rego qui s’est exprimé lors d’une interview exclusive sur les manières de booster l’entrepreneuriat des talents de la diaspora en France et Méditerranée. Simplifier l’accès à l’information, faciliter l’accès au financement dans toutes ses formes (amorçage, prêt garanti, levées de fonds) et valoriser les role model, apparaissent comme étant les clés de l’accélération de la dynamique entrepreneuriale de la diaspora.
Cette belle après-midi s’est finalement conclue par les mots de Patricia Ricard, qui nous a rappelé les idées fortes dégagées au cours de l’après-midi. Concernant le financement, elle retient la difficulté d’accéder aux différentes formes de fonds : pour elle, et au regard du témoignage de nos panélistes, la finance gagnerait à être plus agile et à s’intéresser davantage aux petites initiatives. Miser sur les jeunes pousses, remarquablement connectées entre elles, garantirait une Tech accessible et pertinente. En ce qui concerne la biodiversité, Patricia Ricard fait l’heureux constat qu’un mariage entre vivant et digital est en train de s’opérer. Devant la complexité et la fragilité de la vie, la Tech se présente comme le parfait outil d’observation, de compréhension et de sauvegarde de celle-ci. Enfin, au sujet de l’entrepreneuriat, elle retient la remarque portée par Aissata Lam, qui appelait à “éduquer nos hommes !”
Les femmes doivent continuer à créer ce qui n’existe pas encore en termes d’égalité et de parité dans la Tech. C’est pour cela que Patricia Ricard les encourage à parier sur des hommes brillants, prêts à créer ensemble une nouvelle génération d’entrepreneur.e.s mixtes et respectueux des uns des autres. Notre invitée a fini par rappeler que grâce à des événements comme EMERGING Mediterranean, il est essentiel de rester optimiste quant à l’avenir. Malgré le contexte actuel et les défis qui nous attendent, il ne faut pas sous-estimer les nombreuses initiatives positives qui œuvrent en silence pour un monde meilleur !
Un mot de la fin sous forme de transition parfaite vers le moment tant attendu de la journée : l’annonce des 5 Lauréats du Programme EMERGING Mediterranean ! Après avoir assisté aux 10 pitchs de nos finalistes, réelle incarnation des “initiatives positives” célébrées par Patricia Ricard, nous sommes heureux de féliciter Mourad Mohammed Benosman, porteur du projet SARL YSA Med Tech pour l’Algérie; Ahmed Khaled Elfaituri, représentant de la startup Speetar pour la Libye; Aida Kandil, portant le projet MyTindy pour le Maroc; Daaddo VDP, représenté par Aminetou Sy pour la Mauritanie et Olfa Kilani, à la tête de la société Kyto-Prod pour la Tunisie.
Une Conférence Digitale porteuse d’inspiration et de solutions inventives pour la Méditerranée de demain, qui clôt ainsi cette première série de temps forts EMERGING Mediterranean entre les deux rives de la Méditerranée, avant de retrouver dès 2021 nos 5 lauréats au Sommet EMERGING Valley, pour sa 4ème Édition “Spécial Résilience”
Bonnes fêtes à tous, et rendez-vous dès janvier pour une nouvelle année au service de la Tech For Good en Méditerranée !